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Francis Mizio's Pink Flamingo

Site parano bas carbone : Écriture - Vies vraie et numérique - Jobs - Méthode de pilates littéraires - Flamants roses

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Vous êtes sur le site du formateur, webmestre, écrivain Francis Mizio. Bienvenue sur mon site parano qui milite depuis 2007 et sans faillir pour la réintroduction du flamant rose sur le web. On trouvera un peu de tout ici me concernant en tant que Chargé De Visions (CDV) et Responsable du Contrôle de l’Adhérence à la Fiction (RCAF) : du web, des livres, des ateliers d’écriture, des flamants roses, des trucs que j’♥ au fil de mes errements, lectures et découvertes — et souvent n’importe quoi parce que la vie est ainsi.

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Tu vas vite apprendre à le connaître. Dans le qu Tu vas vite apprendre à le connaître. Dans le quartier tout le monde le connaît et file doux. C’est un mec qu’il faut respecter. Il s’est fait sa place, tu vois, il veut que ça se sache, il veut la garder, et je vais te donner un conseil si tu veux être tranquille, si tu ne veux pas qu’il t’arrive des ennuis, voilà : tu lui prends de sa marchandise deux fois par semaine, c’est le moyen qu’il te respecte aussi et alors il ne t’arrivera rien de fâcheux. Et le mieux si tu veux qu’il te salue : tu prends chaque fois sa complète king size 12 personnes avec le supplément anchois.
George Floyd's last words: "It's my face, man I di George Floyd's last words:
"It's my face, man
I didn't do nothing serious, man
Please, please
Please, I can't breathe
Please, man
Please, somebody
Please, man
I can't breathe
I can't breathe
Please, man can't breathe, my face
Just get up
I can't breathe, please #blackouttuesday
Nouvelle expression : laver ses masques sales en f Nouvelle expression : laver ses masques sales en famille
Au 19e jour de la pandémie et du confinement, il Au 19e jour de la pandémie et du confinement, il décida pour se bouger un peu d’enfin planter ce camélia en pot qui se morfondait depuis 2 ans. En creusant, il réalisa que lorsque lui-même et tous les autres - à ce stade on en savait encore rien — auraient disparu que cet arbre allait continuer de croître librement, sans taille, et de fleurir toujours plus chaque année dans cette campagne où même là depuis quelques temps le silence était devenu étrange. Il se dit que planter un arbre en ces jours particuliers résonnait différemment qu’à l’ordinaire. Que l’arbre allait nous-lui survivre.
Lorsque il eut terminé, il en conclut qu’il était temps de se faire pardonner — et soudain regretta de n’avoir pas planté d’arbres plus tôt. Il ressentit soudain une violente envie de réparation et creusa jusqu’à la nuit tombée 19 trous, pour les 19 jours passés et celui qui venait, pour les vingt arbres qu’il allait lui falloir planter ; il retourna la terre jusqu’à s’en casser les reins, mais cela valait mieux que de grossir devant l’écran de son télétravail. Il fallait vite rattraper le retard ; il fallait en quelque sorte expier. Il avait décidé que désormais il planterait un arbre chaque jour, tant que durerait le confinement — et même après, il continuerait d’en planter, c’était devenu crucial.
Le lendemain matin, il remplit son attestation dérogatoire de sortie, cocha la case des « achats de première nécessité » et se rendit à la jardinerie pour acquérir des arbres — des dizaines d’arbres. 
Mais elle était fermée.  #écriture #écriturecréative #littérature #atelierécriture #écrïmage #fiction #écrïmage #fiction #1pic1story
C’était une cinéphile compulsive, boulimique… Cette fièvre obsessionnelle, cette passion dévorante autour desquelles tournait toute l’organisation de sa vie quotidienne l’isolaient du monde, de sa propre vie même — mais elle en avait conscience et assumait cette situation car en contrepartie elle vivait mille vies, existait en mille existences, ressentait personnellement les sentiments de mille personnages. Comme ses héroïnes, elle tombait amoureuse, vibrait, criait, jouissait, riait, pleurait, se sacrifiait à l’Absolu, à la Beauté, pour la Justice, pour l’Idéal, pour la Liberté. Voire elle pouvait accepter avec délices une servitude qu’imposaient dans certains récits la foi ou de multiples pouvoirs, au nom d’une cause si belle ou de diverses expressions de féminités si magnifiquement tragiques. Elle se rebellait, elle gagnait, perdait, mourrait et renaissait chaque jour. Elle était la spectatrice totale. Elle s’identifiait comme nulle autre à l’actrice principale. Son plaisir de cinéma était sans égal, infini, intarissable, toujours renouvelé. Elle n’était elle-même que lorsque elle devenait l’autre à l’écran. 
Mais voilà, chaque jouissance, chaque fois bue, se terminait, chaque fois, par une douleur récurrente. 
En effet, chaque fois elle éprouvait une blessure lancinante qu’elle savait venir. Chaque fois. Elle n’y pouvait rien. Cette blessure  était le prix à payer, la contrepartie qu’elle avait appris à endurer en toute fin de chaque film, au moment du générique, chaque fois, et chaque fois, et chaque fois encore : car jamais son nom n’y était porté. Jamais elle ne le voyait apparaître à côté du patronyme de la créature qu’elle avait incarnée. Chaque fois, elle était portée à l’incandescence durant chaque film avant d’être, chaque fois, lors du générique, violemment glacée. Et c’était cette frustration douloureuse, chaque fois, qui la poussait à regarder un autre film, et un autre, et un autre, et un autre. Chaque fois, elle n’était pas au générique — et pourtant elle l’aurait tant mérité.

#écriture #écriturecréative #littérature #atelierécriture #écrïmage #fiction #écrïmage #fiction #1pic1story
Il y a quelques années un magazine aujourd'hui re Il y a quelques années un magazine aujourd'hui regretté et disparu sur le Web, (Terri(s)toires) avait la générosité (Philippe Le Boulanger merci encore) de me payer pour que j'y publie des bêtises de mon cru. J'y ai ainsi tenu, entre autres, quelques temps une chronique sur les métiers disparus, pour la plupart imaginaires. L'une d'entre elles racontait le destin des "ermites ornementaux" dont j'avais imaginé la mode au XIXe siècle à La Baule (je m'inspirais d'un cas britannique présumé réel, devenu presque une vague légende urbaine historique). Il s'agissait d'ermites qui vivaient dans des grottes artificielles en fonds de vastes propriétés, à fin de décoration et dont la vision servait à apaiser les âmes bourgeoises tourmentées. 
Or on ne sait jamais ce que deviennent les textes, ni l'impact qu'ils peuvent avoir sur ceux qui les lisent. Un jour, il y a peut-être 2 ans ou plus, une autrice de BD, Gabrielle Piquet (@gabriellepiquet), me contacte pour me demander si elle peut utiliser l'argument de ma chronique -"bien sûr", puisque je ne détiens pas le monopole de l'ermite ornemental. 
Aujourd'hui je viens de recevoir son roman graphique qui sort ce 17 janvier : "La Mécanique du sage" (qui me remercie -et j'en suis fort honoré). L'ermite ornemental n'est qu'une partie intégrée à l'histoire globale qui est riche et complexe : Gabrielle Piquet a créé tout un personnage profond, tout un contexte surprenant tant du point de vue du récit, très écrit, littéraire, que de son bluffant travail graphique (qui doit, explique-t-elle, à de grands dessinateurs passés dont j'ignorais jusque là l'existence) et celui de composition. Elle s'est tout approprié, et l'a transcendé dans son propre roman... Je viens de recevoir et de lire son ouvrage. Je suis épaté -et pas parce que je suis indirectement et très partiellement de la partie- car... c'est tout simplement, et absolument, remarquable. C'est une BD d'un caractère unique. Alors, ben voilà, je vous la recommande vivement (Ed. Atrabile).
Des choses interdites, il y en avait de nombreuses Des choses interdites, il y en avait de nombreuses dans l’entreprise et c’était pour des raisons de sécurité ou pour des principes de maintien d’un certain ordre ; cela ne le gênait pas — mais ce bouton devint, dès qu’il l’aperçut, une obsession. D’abord il ne savait pas à quoi il pouvait servir, au milieu de la pièce, perché sur ce poteau, et, ensuite il se demandait quelle pouvait être la sanction en cas de transgression. Il  se renseigna, prenant l’air de ne pas s’y intéresser, auprès des collègues qui haussaient les épaules ou soupiraient, agacés. Les uns le regardaient avec une inquiétude lasse lorsqu’il les interrogeaient ; les autres lui rappelaient qu’il avait déjà posé trop de questions sur le contenu des cartons qu’il fallait empiler dans les chariots. Après avoir tourné autour plusieurs jours d’affilée, un matin lors de la pause, il n’y tint plus, exaspéré par l’interdit — et il percuta le boîtier. Une alarme se déclencha. Aussitôt surgirent deux vigiles qui le prirent par les épaules et le pressèrent vers le poste de sécurité. Le DRH l’y attendait déjà avec le contenu de son vestiaire dans un sac en plastique. « Vous saviez pourtant qu’il ne valait mieux pas », lui fit-il dans un mouvement de menton en direction de la porte blindée. Lorsqu’elle-ci se referma derrière lui, il observa les champs déserts et entreprit de rejoindre la route à l’horizon en serrant ses affaires. Il était un peu abasourdi ; tout était allé si vite. Mais il ne regrettait rien : il avait seulement voulu savoir.
#écriture #écriturecréative #littérature #atelierécriture #écrïmage #fiction
Lorsque le technicien d’Enedis qui était vraime Lorsque le technicien d’Enedis qui était vraiment très mignon et avait de jolies fesses moulées dans sa combinaison eut terminé l’installation de son compteur Linky, elle le remercia avec force sourires et pour plaisanter lui annonça qu’elle savait très bien, parce qu’elle l’avait lu sur Internet, qu’à cause de lui elle allait développer maintenant une foule de cancers, se tordre dans des douleurs atroces, sinon contracter nombre de maladies même pas identifiées — et l’électricien a éclaté de rire. Profitant de cet instant de complicité, elle en a rajouté en soupirant, clamant que la vie était courte, que c’était bien dommage, qu’à cause de ce fichu compteur Linky elle n’allait donc plus longtemps profiter du temps qui lui restait. Finalement, Linky, quand même quand on y réfléchit, cela peut inciter à profiter de toutes les occasions de la vie. 
Le type l’a alors examinée curieusement en remballant ses outils dans sa caisse au moment même où son vieux chat obèse est venu se frotter contre lui en miaulant. Tout en la dévisageant, il s’est alors carrément rué en un éclair sur le palier. Sur le coup, en refermant la porte, elle s’est mordue la lèvre en se disant « mais qu’est-ce que t’es conne parfois ma fille », puis elle s’est demandé avec une soudaine angoisse si le regard de l’agent ne signifiait pas après tout qu’il savait déjà qu’elle allait, vraiment et bientôt, choper une quelconque saloperie à cause de ce foutu Linky. Alors stressée, elle a filé un coup de pied au gros matou qui a valdingué — et elle est repartie dans sa cuisine en boitant car elle venait de se tordre la cheville. 
#écriture #écriturecréative #littérature #atelierécriture #écrïmage #fiction
Ils calèrent leurs vélos contre le banc, et comm Ils calèrent leurs vélos contre le banc, et comme chaque dimanche matin à l’issue de leur balade rituelle sur le haut de la falaise, ils se reposèrent face à la mer, croquèrent chacun leur abricot séché puis laissèrent errer leur regard sur l’horizon. C’est alors qu’il lui fit remarquer que "tout de même, il y a beaucoup de vent ici". Qu’il y a toujours du vent… Or il en avait vraiment assez. Elle lui répondit qu’elle aussi en avait assez, mais ce dont elle avait assez, c’est de lui se plaignant du vent. Une éternité qu’il se lamentait à propos du vent ! — et ils n’allaient pas encore reparler de cela ! 
Il haussa les épaules, et lui dit que depuis qu’ils étaient tous deux à la retraite ils auraient pu descendre vers le sud, mais surtout s’installer dans un lieu où il n’y aurait pas de vent. Elle lui répondit lentement, en détachant chaque syllabe comme on parle à un enfant têtu qu’il savait très bien pourquoi ils étaient venus vivre ici : pour le travail, pour la maison de maman qui les avaient bien arrangés. Et elle ne savait que de trop qu’il n’aimait pas le vent. Par pitié elle aimerait qu’un dimanche,  même qu’une fois, il cesse d’aborder le sujet du vent. Elle n’en pouvait plus.
Il fit une moue boudeuse et resta un long moment mutique, mâchonnant un deuxième fruit sec. Il observa sa femme, un bateau au loin, les alentours, les vélos… Reprit un abricot. Et soudain il se tourna vers elle, et fit d’un ton enjoué : « Dis donc… Tu te souviens quand ils ont planté cet arbre ? »  Il désigna les branches au-dessus d’eux. « C’était hier, pourtant. Quand on pense que lorsqu’il était jeune, il poussait droit. On sentait qu’il voulait monter haut… Et il l’aurait fait, s’il n’y avait pas… . » 
Elle  l’interrompit en lui plaquant une main sur la bouche. « Tais-toi », fit-elle. « Surtout tais-toi. J’ai compris… » 
Elle pleurait — mais ses larmes séchaient aussitôt dans le vent.
#écriture #écriturecréative #littérature #atelierécriture #écrïmage #fiction
#1pic1story
[photo @cyrilcavalie] Cette idée d’acheter un s [photo @cyrilcavalie] Cette idée d’acheter un squelette pour ses cours d’anatomie n’avait été qu’une source d’emmerdements. On lui avait livré sans crâne, et il lui avait fallu passer des dizaines de coups de fils (« si ceci, tapez la touche 1, si cela, tapez 2… ») pour avoir un vague stagiaire au bout du fil qui n’avait pas d’explication et qui avait fini, à bout, par lui proposer de demander par courrier 5% de réduction sur la facture, ou plutôt un a-valoir de 5% pour de futurs achats, car le crâne ce ne sont que 8 os sur 206 soit 3,88% et donc une réduction de 5% serait tout-à-fait acceptable. Bien sûr, elle ne pouvait le renvoyer pour des questions d’hygiène (ce qu’elle ne comprit pas, n’étant pas nécrophile) — et puis surtout elle n’avait pas fait vérifier par le livreur qu’il n’y avait jamais eu de crâne. 
C’est un ami qui l’avait achevée en lui disant que la boîte de revente était chinoise et donc qu’il y a toujours un bug dans leurs produits — et en plus s’il n’y avait pas le crâne c’est parce que cela devait être le squelette d’un condamné à mort : ils avaient certainement égaré sa tête ou l’avaient volontairement détruite. Choquée, elle s’était débarrassée nuitamment des os encombrants au pied d’un immeuble voisin. 
En fait, le crâne lui parvint quelques jours plus tard. Il apparut alors qu’il avait toujours été annoncé qu’il serait livré à part. Mais voilà : elle ne lisait jamais les conditions de vente. Au final, toutefois, lui resta une hantise: il avait été condamné pour quoi, ce type ? 
#1picture1story #onepictureonestory #opos #écrïmage #fiction
[nouveaux défi expression cachée !] Après cet été l’expression « pisser dans un violon » (voir dans les images précédentes) sauras-tu retrouver la nouvelle expression argotique qui se cache ici ? (Rien a gagner à part un woaw bravo)
Son voisin de palier lui avait apporté un sac ent Son voisin de palier lui avait apporté un sac entier de champignons, des rosés des prés, et elle s’était réjouie de cette bonne surprise : c’est simple, elle adorait cela ! Ils étaient superbes, frais visiblement, et de taille imposante. Ils sentaient bon l’humus et cette odeur lui faisait un bien fou. Elle n’avait pas mis les pieds hors de la ville depuis des lustres et la nature lui manquait. Avoir avoir lu quelques recettes ici et là sur Internet, elle  les lava, les éplucha, les coupa en dés et décida de simplement les fricasser avec de l’huile d’olive, du persil, un soupçon d’ail pour accompagner une escalope de poulet qui s’impatientait dans le réfrigérateur à l’approche de sa date de péremption. Elle s’ouvrit une bouteille de vin, se versa un verre et se cala devant son assiette, en salivant d’avance. Et pourtant ce n’étaient même pas des cèpes ! Tout en s’offrant quelques gorgées de vin préliminaires, elle se souvint que le voisin, il y avait deux ou trois ans, rentré un soir éméché, s’était trompé de porte d’appartement. Une autre fois, dans une conversation à propos de cinéma, il avait confondu une actrice avec une autre. Et enfin, il y avait eu cette fois aussi lorsqu’elle s’était aperçu qu’il employait le mot velléitaire à contresens. Elle reposa son verre et observa les morceaux de champignons noircis par la cuisson. Parsemé de minuscules morceaux de persil, ils lui parurent soudain menaçants. Alors elle se leva brusquement et jeta le contenu de l’assiette à la poubelle, puis dîna en mâchant péniblement de ce qui lui restait — un vieux quignon de pain rassis— accompagné du reste de sa bouteille. Puis alla se coucher complètement pompette. #writimage #écrïmage #fiction #1pic1story
[photo : @cyrilcavalie] Le banquier referma le dos [photo : @cyrilcavalie] Le banquier referma le dossier. « Votre activité d’infirmier en libéral ne suffit plus ? Pourquoi vouloir faire corbillard free lance ? Vos patients sont morts, vous avez du stock ?». Il pouffa et se reprit. « Votre dossier est intéressant mais je ne saisis pas le concept. Un corbillard, c’est noir, non ? Enfin, j’en ai toujours vus de noirs… Au Japon, enfin chez ces gens comme ça, c’est peut-être rouge deuil, j’en sais rien… Mais chez nous, c’est noir, non ?».
Il reprit alors ses « arguments de langage » déjà récités en vain dans les cinq banques précédentes : il s’agit de segmenter la clientèle. Enterrements noirs classiques bien sûr, mais aussi argentés ou dorés pour les classes aisées, rose girly pour les jeunes femmes millenials ou les bébés, vert écolo néo ruraux, bleu marine patriote réac, bariolé ou arc en ciel pour la hype, les néo-babas, les LGBT+ voire les rastas blancs très vieillissants … L’idée est qu’il est temps que l’enterrement sorte des sentiers battus. Cela peut être aussi un marché de niches et il va falloir s’y attaquer. Quand on voit combien mettent les Chinois dans les funérailles, on se dit que la France est vraiment en retard. Et donc autant de marchés de cibles, autant de véhicules peints aux couleurs des tribus. C’est facile à comprendre.
« Quand même, vous avez peu de garanties. C’est un prêt important… Il n’y a pas moyen de… ? Un système pour changer la couleur selon la commande ? Cela ne vous ferait qu’un véhicule à acquérir, et une économie d’échelle…».
Il s’entendit expliquer pour la énième fois que le temps que le voile de peinture soit sec (et encore sans peinture métallisée!), le corps ne se conserverait pas et justement, la chambre mortuaire top réfrigérée c’était déjà l’autre gros dossier d’emprunt à examiner. 
Un voile de peinture différent à chaque client ! Ils avaient de drôles d’idées tous ces spécialistes. Ce n’était pas comme cela, entre les banquiers pas prêteurs et toutes ces idées idiotes que chacun avait, que le pays et lui-même allaient s’en sortir.  #writimage #écrïmage #fiction #1pic1story
Elle lui demande ce que c’est que ce truc bizarr Elle lui demande ce que c’est que ce truc bizarre. Il lui répond que c’est du pâté. Alors elle s’inquiète et intriguée examine la chose et lui dit : mais ça sort d’où ? Ben du frigo, lui répond-t-il. Au fond du frigo ; je l’ai retrouvé. Il montre le plastique déchiré où se trouvait le pâté. 
Mais tu ne vas pas manger ce truc ? dit-elle, il est tout vert. Le pâté c’est pas vert, - enfin le pâté persillé si, et encore c’est jamais vert à ce point là. Fous-moi ce truc à la poubelle. Mais lui il ne veut pas : il veut le manger ce pâté. Il explique qu’il a déjà mangé des trucs périmés, des trucs avec des dates dépassées de trois mois, de quatre mois, et il n’a jamais rien eu, même pas ça. Rien de rien. C’est des conneries les dates, et en plus il ne faut pas jeter. On gaspille trop, et c’est pas bon, la planète et tout le bazar, je te rappelle. Il faut tout manger : ça c’est vert de pas gâcher, mais ce pâté, faut arrêter, il n’est pas vert.. Elle s’énerve, car il est de mauvaise foi. Il s’obstine parfois pour de ces trucs… On ne comprend même pas pourquoi il ne veut pas céder : elle ne lui parle pas des dates ; elle lui parle du pâté. Elle lui dit : enfin tu vois bien qu’il est vert ce pâté. Il répond que non, qu’il n’est pas vert, qu’il faut arrêter de psychoter avec son pâté. Il a foncé un peu car il s’est oxydé c’est tout. Les cornichons c’est vert, les légumes c’est vert, les martiens c’est vert, mais ce pâté il est très bien, et il sourit, et puis zut tu me gonfles, et il tranche en deux le reste de pâté et gobe coup sur coup les deux morceaux. 
En sortant des urgences après son lavage d’estomac le surlendemain il lui dit tu vois celui qu’est devenu vert c’est moi, c’était pas le pâté, et il se marre, et elle le regarde et lui dit hahaha, t’es pas devenu vert, t’es juste devenu vraiment con, c’est tout. 
#writimage #écrïmage #fiction
C’est à l’automne 2019 que les services médi C’est à l’automne 2019 que les services médicaux, sociaux et de gendarmerie ont commencé à repérer les premiers cas d’ombrophobie -la phobie de la pluie, de la grêle et des orages jusque là peu courante- dans une forme devenue plus que virulente. Classifiée ombrophobia virulens elle se caractérisait par une prostration mutique.  Les premiers médecins qui s’y penchèrent furent indécis quant à la cause de cette pandémie : incident industriels (pluies noires), pollution (pluies acides), influence des médias notamment des films post apocalyptiques en plein regain sur les plateformes de streaming (images d’hivers nucléaires… ?). On se perdait en conjectures.  Dépassant en effets les simples symptômes de stress habituel, les malades se mettaient à perdre leurs moyens : individus restant bloqués dans leur véhicule, terrés chez eux, sinon affichant des comportements corollaires et supplémentaires étranges : kleptomanie portée sur les parapluies, accumulation compulsive et excessive de vêtements de pluie, fascination morbide pour les bulletins, annonces et notifications de météo qui inhibaient chez eux toute capacité de décision. Une cherbourgeoise découverte après dix heures pluvieuses passées dans son véhicule sur un parking de supermarché en octobre 2019 avait affirmé, hagarde, attendre le retour d’un épisode caniculaire. L’institut de météo et climato psycho-pathologies Clément Capulet (@institut_capulet) un établissement jusque là vivotant et plutôt moqué, mais qui se voyait désormais être de plus en plus reconnu, considéré et écouté- créa dans l’urgence un protocole de traitement dit d’appropriation barométrique. Mais il apparut tôt que ces soins pouvaient accentuer les états anxiogènes et dépressif en cas de basse pression. Assurément le dérèglement climatique allait s’accompagner d’effets totalement inattendus. 
#écriture #écriturecréative #littérature #atelierécriture #writimage #écrïmage #fiction
C’est en fin d’une molle réunion qu’ils tro C’est en fin d’une molle réunion qu’ils trouvèrent l’idée originale pour s’impliquer dans la sauvegarde de l’environnement : ils s’attaqueraient aux piscines. Consommatrices d’eau, bourrées de chlore et autres saloperies, symbole d’un capitalisme arrogant, c’étaient les cibles idéales. Ils fondèrent illico le GAP, Groupe Actions Piscines, et entreprirent de recenser sur les images satellites de Google Maps les indécentes tâches bleues qui trahissaient les propriétaires du coin. Ils s’achetèrent deux flacons de colorant rouge chez un fournisseur qui en cédait à prix fracassé. Du rouge pour effacer l’ignoble bleu ; pour le sang versé à cause des piscines. Il devait bien y avoir des ouvriers quelque part qui mourraient du chlore ou des animaux qui dérouillaient -mais ils vérifieraient ces points plus tard ; il y avait surtout urgence d’agir. 
Les premières tentatives furent vaines : des molosses faillirent les dévorer, ils déclenchèrent des alarmes, se heurtèrent à des volets couvrants verrouillés. Après avoir sillonné la région, ils tombèrent enfin sur une piscine accessible, découverte, et même allumée de nuit. Ils y vidèrent un des flacons, coincèrent un tract sous le pied d’une chaise de jardin, et détalèrent. 
Aucune réaction les jours suivants. Rien dans le journal local. Silence radio. 
Ils revinrent de nuit attaquer la même piscine en s’assurant cette fois que la teinte changerait. Ils virent le bleu vite disparaître, mais ils n’obtenaient qu’un vague fuschia… Et surtout, ils constatèrent le lendemain matin que la piscine avait repris sa couleur. 
Mauvaise qualité du colorant ? Non : ils lurent un peu tard qu’il fallait que « le ph » soit « compris entre 6,9 et 7,7 » avec « un taux de désinfectant supérieur à 2 ppm de chlore », qu’il fallait parfois utiliser du « séquestrant » et « neutraliser toute source d’oxydation en cas de taux de Cl/Br supérieur à 1 ». Ne comprenant rien, sauf qu’ils devaient s’acheter des produits onéreux supplémentaires et même de ces bandelettes test colorées, ils durent convenir que le GAP devait être lui aussi dissout. #writimage #écrïmage #fiction
Il était sorti du cinéma totalement retourné qu Il était sorti du cinéma totalement retourné quarante ans plus tôt. Il venait de voir les pirouettes de John Travolta sur la piste disco, John qui lançait sa veste blanche, les mouvements de jambes de John… 
Cela devint une obsession durant des décennies : il avait besoin de danser, d’être sous les boules à facettes, de suivre le rythme de cheval galopant des tubes de Gloria Gaynor et autres Cerrone. 
Hélas  une amie lui dit un soir de fête pour plaisanter, et pourtant cela n’avait pas voulu être méchant, qu’il avait certes « le rythme dans la peau, mais une très mauvaise circulation ». Il comprit alors les regards et les sourires qu’on lui envoyait en night-club, son peu de succès auprès du public sinon des femmes. il comprit qu’il avait dû, oui il le comprit enfin, plutôt les apeurer dans ses gesticulations. Il comprit tout : pourquoi les danseurs s’écartaient sur la piste -oh, ce n’était pas pour l’admirer, mais sans doute pour le fuir. Il se sentit ridicule… Ridicule à jamais.
Le démon du disco continua pourtant de le hanter : il prit des cours, en vain, il s’entraîna des heures devant son armoire à glace. Rien n’y fit : maintenant qu’il se savait pataud, sinon grotesque, il se savait danser mal, voire danser, à jamais, pire. 
Prenant de l’âge, de celui où on ne traîne plus en discothèque que pour y noyer en solitaire son divorce au bar, il essaya de s’astreindre… Il se mit même à craindre que sa passion ne soit connue à l’usine. Il n’aurait pas supporté les quolibets, les moqueries. Il aménagea alors dans le sous-sol de son pavillon de banlieue et de célibataire endurci une pièce secrète, capitonnée, décorée, illuminée, équipée comme un Macumba de la meilleure époque. Il s’y enfermait souvent, lançait les tubes des Bee Gees et là, tournoyait, virevoltait sur son parquet coûteux. Il était seul, mais dans ces moments il se savait beau, mince, jeune, grand, svelte, agile, talentueux, époustouflant… Il était gracieux, irrésistible. Il dansait comme un dieu. Il brillait dans le noir. 
Et il compatissait pour tous ceux qui ne savaient plus ce que fut la fièvre du samedi soir.
#writimage #écrïmage #fiction
Tu vois, le truc dingue c’est qu’il faisait ch Tu vois, le truc dingue c’est qu’il faisait chier depuis 30 ans et pourtant, à cause des conventions, des rituels, une dizaine est tout de même venue à contre cœur à son pot de départ en retraite. Une poignée de désoeuvrés ou de cyniques venus faire les mielleux. Le patron a dit un discours convenu avec des compliments et des souvenirs de hauts faits pour vanter ses mérites, sa carrière et sa personnalité  formidaaable alors qu’il n’avait jamais rien glandé, était imbuvable, mais avait donné des leçons de morale avec agressivité à toute la boîte. Car c’était vraiment un chieur, tu n’imagines pas à quel point, mais quand t’écoutais le patron c’était un saint qui avait sauvé tout le monde et la planète, et l’infini et au-delà. Le discours c’était vraiment un super bilan élogieux. Or, on savait tous que c’était un con. C’était la comédie humaine, tu vois. Si élogieux que même lui était stupéfait et qu’il a dû finir par croire qu’il avait fait en effet tous ces trucs si bien… alors qu’il ne s’en souvenait même pas et qu’il savait pourtant à quoi s’en tenir sur lui-même. 
Après ils ont tous gobé les petits pains au saumon. Ils les aspiraient littéralement. Et ils ont sifflé le rosé goût framboise et ça au final a été vite plié : vingt minutes et il n’y avait plus personne ; tu voyais qu’une vie se terminait et c’était un gâchis absurde et forcément ça te renvoyait à ta propre destinée… Enfin bon on ne va pas philosopher à 2 balles, hein ? En tout cas, je l’ai vu partir peu après vers le parking avec son cadeau payé par l’enveloppe qui avait mollement tourné : ces cons lui avaient offert une valise en cuir tout un symbole style vas-y dégage et quand même quelque part c’était pathétique. C’était du style non non non je ne veux pas vivre ça ; faut que que je me barre avant. Je ne veux pas de pot de départ, jamais, plutôt crever en allant au boulot, ou en sortant, mais non ne me faites pas tout ce cinéma. La vie, la mort ça n’a jamais été un truc de pot de départ, et je vous en supplie je ne veux pas de pot de départ, et incinérez-moi, et dispersez mes cendres sur le sol de la cafèt’ au pire, et ça ira. #writimage #écrïmage #fiction
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miziofrancis
Tu vas vite apprendre à le connaître. Dans le qu Tu vas vite apprendre à le connaître. Dans le quartier tout le monde le connaît et file doux. C’est un mec qu’il faut respecter. Il s’est fait sa place, tu vois, il veut que ça se sache, il veut la garder, et je vais te donner un conseil si tu veux être tranquille, si tu ne veux pas qu’il t’arrive des ennuis, voilà : tu lui prends de sa marchandise deux fois par semaine, c’est le moyen qu’il te respecte aussi et alors il ne t’arrivera rien de fâcheux. Et le mieux si tu veux qu’il te salue : tu prends chaque fois sa complète king size 12 personnes avec le supplément anchois.
George Floyd's last words: "It's my face, man I di George Floyd's last words:
"It's my face, man
I didn't do nothing serious, man
Please, please
Please, I can't breathe
Please, man
Please, somebody
Please, man
I can't breathe
I can't breathe
Please, man can't breathe, my face
Just get up
I can't breathe, please #blackouttuesday
Nouvelle expression : laver ses masques sales en f Nouvelle expression : laver ses masques sales en famille
Au 19e jour de la pandémie et du confinement, il Au 19e jour de la pandémie et du confinement, il décida pour se bouger un peu d’enfin planter ce camélia en pot qui se morfondait depuis 2 ans. En creusant, il réalisa que lorsque lui-même et tous les autres - à ce stade on en savait encore rien — auraient disparu que cet arbre allait continuer de croître librement, sans taille, et de fleurir toujours plus chaque année dans cette campagne où même là depuis quelques temps le silence était devenu étrange. Il se dit que planter un arbre en ces jours particuliers résonnait différemment qu’à l’ordinaire. Que l’arbre allait nous-lui survivre.
Lorsque il eut terminé, il en conclut qu’il était temps de se faire pardonner — et soudain regretta de n’avoir pas planté d’arbres plus tôt. Il ressentit soudain une violente envie de réparation et creusa jusqu’à la nuit tombée 19 trous, pour les 19 jours passés et celui qui venait, pour les vingt arbres qu’il allait lui falloir planter ; il retourna la terre jusqu’à s’en casser les reins, mais cela valait mieux que de grossir devant l’écran de son télétravail. Il fallait vite rattraper le retard ; il fallait en quelque sorte expier. Il avait décidé que désormais il planterait un arbre chaque jour, tant que durerait le confinement — et même après, il continuerait d’en planter, c’était devenu crucial.
Le lendemain matin, il remplit son attestation dérogatoire de sortie, cocha la case des « achats de première nécessité » et se rendit à la jardinerie pour acquérir des arbres — des dizaines d’arbres. 
Mais elle était fermée.  #écriture #écriturecréative #littérature #atelierécriture #écrïmage #fiction #écrïmage #fiction #1pic1story
C’était une cinéphile compulsive, boulimique… Cette fièvre obsessionnelle, cette passion dévorante autour desquelles tournait toute l’organisation de sa vie quotidienne l’isolaient du monde, de sa propre vie même — mais elle en avait conscience et assumait cette situation car en contrepartie elle vivait mille vies, existait en mille existences, ressentait personnellement les sentiments de mille personnages. Comme ses héroïnes, elle tombait amoureuse, vibrait, criait, jouissait, riait, pleurait, se sacrifiait à l’Absolu, à la Beauté, pour la Justice, pour l’Idéal, pour la Liberté. Voire elle pouvait accepter avec délices une servitude qu’imposaient dans certains récits la foi ou de multiples pouvoirs, au nom d’une cause si belle ou de diverses expressions de féminités si magnifiquement tragiques. Elle se rebellait, elle gagnait, perdait, mourrait et renaissait chaque jour. Elle était la spectatrice totale. Elle s’identifiait comme nulle autre à l’actrice principale. Son plaisir de cinéma était sans égal, infini, intarissable, toujours renouvelé. Elle n’était elle-même que lorsque elle devenait l’autre à l’écran. 
Mais voilà, chaque jouissance, chaque fois bue, se terminait, chaque fois, par une douleur récurrente. 
En effet, chaque fois elle éprouvait une blessure lancinante qu’elle savait venir. Chaque fois. Elle n’y pouvait rien. Cette blessure  était le prix à payer, la contrepartie qu’elle avait appris à endurer en toute fin de chaque film, au moment du générique, chaque fois, et chaque fois, et chaque fois encore : car jamais son nom n’y était porté. Jamais elle ne le voyait apparaître à côté du patronyme de la créature qu’elle avait incarnée. Chaque fois, elle était portée à l’incandescence durant chaque film avant d’être, chaque fois, lors du générique, violemment glacée. Et c’était cette frustration douloureuse, chaque fois, qui la poussait à regarder un autre film, et un autre, et un autre, et un autre. Chaque fois, elle n’était pas au générique — et pourtant elle l’aurait tant mérité.

#écriture #écriturecréative #littérature #atelierécriture #écrïmage #fiction #écrïmage #fiction #1pic1story
Il y a quelques années un magazine aujourd'hui re Il y a quelques années un magazine aujourd'hui regretté et disparu sur le Web, (Terri(s)toires) avait la générosité (Philippe Le Boulanger merci encore) de me payer pour que j'y publie des bêtises de mon cru. J'y ai ainsi tenu, entre autres, quelques temps une chronique sur les métiers disparus, pour la plupart imaginaires. L'une d'entre elles racontait le destin des "ermites ornementaux" dont j'avais imaginé la mode au XIXe siècle à La Baule (je m'inspirais d'un cas britannique présumé réel, devenu presque une vague légende urbaine historique). Il s'agissait d'ermites qui vivaient dans des grottes artificielles en fonds de vastes propriétés, à fin de décoration et dont la vision servait à apaiser les âmes bourgeoises tourmentées. 
Or on ne sait jamais ce que deviennent les textes, ni l'impact qu'ils peuvent avoir sur ceux qui les lisent. Un jour, il y a peut-être 2 ans ou plus, une autrice de BD, Gabrielle Piquet (@gabriellepiquet), me contacte pour me demander si elle peut utiliser l'argument de ma chronique -"bien sûr", puisque je ne détiens pas le monopole de l'ermite ornemental. 
Aujourd'hui je viens de recevoir son roman graphique qui sort ce 17 janvier : "La Mécanique du sage" (qui me remercie -et j'en suis fort honoré). L'ermite ornemental n'est qu'une partie intégrée à l'histoire globale qui est riche et complexe : Gabrielle Piquet a créé tout un personnage profond, tout un contexte surprenant tant du point de vue du récit, très écrit, littéraire, que de son bluffant travail graphique (qui doit, explique-t-elle, à de grands dessinateurs passés dont j'ignorais jusque là l'existence) et celui de composition. Elle s'est tout approprié, et l'a transcendé dans son propre roman... Je viens de recevoir et de lire son ouvrage. Je suis épaté -et pas parce que je suis indirectement et très partiellement de la partie- car... c'est tout simplement, et absolument, remarquable. C'est une BD d'un caractère unique. Alors, ben voilà, je vous la recommande vivement (Ed. Atrabile).
Des choses interdites, il y en avait de nombreuses Des choses interdites, il y en avait de nombreuses dans l’entreprise et c’était pour des raisons de sécurité ou pour des principes de maintien d’un certain ordre ; cela ne le gênait pas — mais ce bouton devint, dès qu’il l’aperçut, une obsession. D’abord il ne savait pas à quoi il pouvait servir, au milieu de la pièce, perché sur ce poteau, et, ensuite il se demandait quelle pouvait être la sanction en cas de transgression. Il  se renseigna, prenant l’air de ne pas s’y intéresser, auprès des collègues qui haussaient les épaules ou soupiraient, agacés. Les uns le regardaient avec une inquiétude lasse lorsqu’il les interrogeaient ; les autres lui rappelaient qu’il avait déjà posé trop de questions sur le contenu des cartons qu’il fallait empiler dans les chariots. Après avoir tourné autour plusieurs jours d’affilée, un matin lors de la pause, il n’y tint plus, exaspéré par l’interdit — et il percuta le boîtier. Une alarme se déclencha. Aussitôt surgirent deux vigiles qui le prirent par les épaules et le pressèrent vers le poste de sécurité. Le DRH l’y attendait déjà avec le contenu de son vestiaire dans un sac en plastique. « Vous saviez pourtant qu’il ne valait mieux pas », lui fit-il dans un mouvement de menton en direction de la porte blindée. Lorsqu’elle-ci se referma derrière lui, il observa les champs déserts et entreprit de rejoindre la route à l’horizon en serrant ses affaires. Il était un peu abasourdi ; tout était allé si vite. Mais il ne regrettait rien : il avait seulement voulu savoir.
#écriture #écriturecréative #littérature #atelierécriture #écrïmage #fiction
Lorsque le technicien d’Enedis qui était vraime Lorsque le technicien d’Enedis qui était vraiment très mignon et avait de jolies fesses moulées dans sa combinaison eut terminé l’installation de son compteur Linky, elle le remercia avec force sourires et pour plaisanter lui annonça qu’elle savait très bien, parce qu’elle l’avait lu sur Internet, qu’à cause de lui elle allait développer maintenant une foule de cancers, se tordre dans des douleurs atroces, sinon contracter nombre de maladies même pas identifiées — et l’électricien a éclaté de rire. Profitant de cet instant de complicité, elle en a rajouté en soupirant, clamant que la vie était courte, que c’était bien dommage, qu’à cause de ce fichu compteur Linky elle n’allait donc plus longtemps profiter du temps qui lui restait. Finalement, Linky, quand même quand on y réfléchit, cela peut inciter à profiter de toutes les occasions de la vie. 
Le type l’a alors examinée curieusement en remballant ses outils dans sa caisse au moment même où son vieux chat obèse est venu se frotter contre lui en miaulant. Tout en la dévisageant, il s’est alors carrément rué en un éclair sur le palier. Sur le coup, en refermant la porte, elle s’est mordue la lèvre en se disant « mais qu’est-ce que t’es conne parfois ma fille », puis elle s’est demandé avec une soudaine angoisse si le regard de l’agent ne signifiait pas après tout qu’il savait déjà qu’elle allait, vraiment et bientôt, choper une quelconque saloperie à cause de ce foutu Linky. Alors stressée, elle a filé un coup de pied au gros matou qui a valdingué — et elle est repartie dans sa cuisine en boitant car elle venait de se tordre la cheville. 
#écriture #écriturecréative #littérature #atelierécriture #écrïmage #fiction
Ils calèrent leurs vélos contre le banc, et comm Ils calèrent leurs vélos contre le banc, et comme chaque dimanche matin à l’issue de leur balade rituelle sur le haut de la falaise, ils se reposèrent face à la mer, croquèrent chacun leur abricot séché puis laissèrent errer leur regard sur l’horizon. C’est alors qu’il lui fit remarquer que "tout de même, il y a beaucoup de vent ici". Qu’il y a toujours du vent… Or il en avait vraiment assez. Elle lui répondit qu’elle aussi en avait assez, mais ce dont elle avait assez, c’est de lui se plaignant du vent. Une éternité qu’il se lamentait à propos du vent ! — et ils n’allaient pas encore reparler de cela ! 
Il haussa les épaules, et lui dit que depuis qu’ils étaient tous deux à la retraite ils auraient pu descendre vers le sud, mais surtout s’installer dans un lieu où il n’y aurait pas de vent. Elle lui répondit lentement, en détachant chaque syllabe comme on parle à un enfant têtu qu’il savait très bien pourquoi ils étaient venus vivre ici : pour le travail, pour la maison de maman qui les avaient bien arrangés. Et elle ne savait que de trop qu’il n’aimait pas le vent. Par pitié elle aimerait qu’un dimanche,  même qu’une fois, il cesse d’aborder le sujet du vent. Elle n’en pouvait plus.
Il fit une moue boudeuse et resta un long moment mutique, mâchonnant un deuxième fruit sec. Il observa sa femme, un bateau au loin, les alentours, les vélos… Reprit un abricot. Et soudain il se tourna vers elle, et fit d’un ton enjoué : « Dis donc… Tu te souviens quand ils ont planté cet arbre ? »  Il désigna les branches au-dessus d’eux. « C’était hier, pourtant. Quand on pense que lorsqu’il était jeune, il poussait droit. On sentait qu’il voulait monter haut… Et il l’aurait fait, s’il n’y avait pas… . » 
Elle  l’interrompit en lui plaquant une main sur la bouche. « Tais-toi », fit-elle. « Surtout tais-toi. J’ai compris… » 
Elle pleurait — mais ses larmes séchaient aussitôt dans le vent.
#écriture #écriturecréative #littérature #atelierécriture #écrïmage #fiction
#1pic1story
[photo @cyrilcavalie] Cette idée d’acheter un s [photo @cyrilcavalie] Cette idée d’acheter un squelette pour ses cours d’anatomie n’avait été qu’une source d’emmerdements. On lui avait livré sans crâne, et il lui avait fallu passer des dizaines de coups de fils (« si ceci, tapez la touche 1, si cela, tapez 2… ») pour avoir un vague stagiaire au bout du fil qui n’avait pas d’explication et qui avait fini, à bout, par lui proposer de demander par courrier 5% de réduction sur la facture, ou plutôt un a-valoir de 5% pour de futurs achats, car le crâne ce ne sont que 8 os sur 206 soit 3,88% et donc une réduction de 5% serait tout-à-fait acceptable. Bien sûr, elle ne pouvait le renvoyer pour des questions d’hygiène (ce qu’elle ne comprit pas, n’étant pas nécrophile) — et puis surtout elle n’avait pas fait vérifier par le livreur qu’il n’y avait jamais eu de crâne. 
C’est un ami qui l’avait achevée en lui disant que la boîte de revente était chinoise et donc qu’il y a toujours un bug dans leurs produits — et en plus s’il n’y avait pas le crâne c’est parce que cela devait être le squelette d’un condamné à mort : ils avaient certainement égaré sa tête ou l’avaient volontairement détruite. Choquée, elle s’était débarrassée nuitamment des os encombrants au pied d’un immeuble voisin. 
En fait, le crâne lui parvint quelques jours plus tard. Il apparut alors qu’il avait toujours été annoncé qu’il serait livré à part. Mais voilà : elle ne lisait jamais les conditions de vente. Au final, toutefois, lui resta une hantise: il avait été condamné pour quoi, ce type ? 
#1picture1story #onepictureonestory #opos #écrïmage #fiction
[nouveaux défi expression cachée !] Après cet été l’expression « pisser dans un violon » (voir dans les images précédentes) sauras-tu retrouver la nouvelle expression argotique qui se cache ici ? (Rien a gagner à part un woaw bravo)
Son voisin de palier lui avait apporté un sac ent Son voisin de palier lui avait apporté un sac entier de champignons, des rosés des prés, et elle s’était réjouie de cette bonne surprise : c’est simple, elle adorait cela ! Ils étaient superbes, frais visiblement, et de taille imposante. Ils sentaient bon l’humus et cette odeur lui faisait un bien fou. Elle n’avait pas mis les pieds hors de la ville depuis des lustres et la nature lui manquait. Avoir avoir lu quelques recettes ici et là sur Internet, elle  les lava, les éplucha, les coupa en dés et décida de simplement les fricasser avec de l’huile d’olive, du persil, un soupçon d’ail pour accompagner une escalope de poulet qui s’impatientait dans le réfrigérateur à l’approche de sa date de péremption. Elle s’ouvrit une bouteille de vin, se versa un verre et se cala devant son assiette, en salivant d’avance. Et pourtant ce n’étaient même pas des cèpes ! Tout en s’offrant quelques gorgées de vin préliminaires, elle se souvint que le voisin, il y avait deux ou trois ans, rentré un soir éméché, s’était trompé de porte d’appartement. Une autre fois, dans une conversation à propos de cinéma, il avait confondu une actrice avec une autre. Et enfin, il y avait eu cette fois aussi lorsqu’elle s’était aperçu qu’il employait le mot velléitaire à contresens. Elle reposa son verre et observa les morceaux de champignons noircis par la cuisson. Parsemé de minuscules morceaux de persil, ils lui parurent soudain menaçants. Alors elle se leva brusquement et jeta le contenu de l’assiette à la poubelle, puis dîna en mâchant péniblement de ce qui lui restait — un vieux quignon de pain rassis— accompagné du reste de sa bouteille. Puis alla se coucher complètement pompette. #writimage #écrïmage #fiction #1pic1story
[photo : @cyrilcavalie] Le banquier referma le dos [photo : @cyrilcavalie] Le banquier referma le dossier. « Votre activité d’infirmier en libéral ne suffit plus ? Pourquoi vouloir faire corbillard free lance ? Vos patients sont morts, vous avez du stock ?». Il pouffa et se reprit. « Votre dossier est intéressant mais je ne saisis pas le concept. Un corbillard, c’est noir, non ? Enfin, j’en ai toujours vus de noirs… Au Japon, enfin chez ces gens comme ça, c’est peut-être rouge deuil, j’en sais rien… Mais chez nous, c’est noir, non ?».
Il reprit alors ses « arguments de langage » déjà récités en vain dans les cinq banques précédentes : il s’agit de segmenter la clientèle. Enterrements noirs classiques bien sûr, mais aussi argentés ou dorés pour les classes aisées, rose girly pour les jeunes femmes millenials ou les bébés, vert écolo néo ruraux, bleu marine patriote réac, bariolé ou arc en ciel pour la hype, les néo-babas, les LGBT+ voire les rastas blancs très vieillissants … L’idée est qu’il est temps que l’enterrement sorte des sentiers battus. Cela peut être aussi un marché de niches et il va falloir s’y attaquer. Quand on voit combien mettent les Chinois dans les funérailles, on se dit que la France est vraiment en retard. Et donc autant de marchés de cibles, autant de véhicules peints aux couleurs des tribus. C’est facile à comprendre.
« Quand même, vous avez peu de garanties. C’est un prêt important… Il n’y a pas moyen de… ? Un système pour changer la couleur selon la commande ? Cela ne vous ferait qu’un véhicule à acquérir, et une économie d’échelle…».
Il s’entendit expliquer pour la énième fois que le temps que le voile de peinture soit sec (et encore sans peinture métallisée!), le corps ne se conserverait pas et justement, la chambre mortuaire top réfrigérée c’était déjà l’autre gros dossier d’emprunt à examiner. 
Un voile de peinture différent à chaque client ! Ils avaient de drôles d’idées tous ces spécialistes. Ce n’était pas comme cela, entre les banquiers pas prêteurs et toutes ces idées idiotes que chacun avait, que le pays et lui-même allaient s’en sortir.  #writimage #écrïmage #fiction #1pic1story
Elle lui demande ce que c’est que ce truc bizarr Elle lui demande ce que c’est que ce truc bizarre. Il lui répond que c’est du pâté. Alors elle s’inquiète et intriguée examine la chose et lui dit : mais ça sort d’où ? Ben du frigo, lui répond-t-il. Au fond du frigo ; je l’ai retrouvé. Il montre le plastique déchiré où se trouvait le pâté. 
Mais tu ne vas pas manger ce truc ? dit-elle, il est tout vert. Le pâté c’est pas vert, - enfin le pâté persillé si, et encore c’est jamais vert à ce point là. Fous-moi ce truc à la poubelle. Mais lui il ne veut pas : il veut le manger ce pâté. Il explique qu’il a déjà mangé des trucs périmés, des trucs avec des dates dépassées de trois mois, de quatre mois, et il n’a jamais rien eu, même pas ça. Rien de rien. C’est des conneries les dates, et en plus il ne faut pas jeter. On gaspille trop, et c’est pas bon, la planète et tout le bazar, je te rappelle. Il faut tout manger : ça c’est vert de pas gâcher, mais ce pâté, faut arrêter, il n’est pas vert.. Elle s’énerve, car il est de mauvaise foi. Il s’obstine parfois pour de ces trucs… On ne comprend même pas pourquoi il ne veut pas céder : elle ne lui parle pas des dates ; elle lui parle du pâté. Elle lui dit : enfin tu vois bien qu’il est vert ce pâté. Il répond que non, qu’il n’est pas vert, qu’il faut arrêter de psychoter avec son pâté. Il a foncé un peu car il s’est oxydé c’est tout. Les cornichons c’est vert, les légumes c’est vert, les martiens c’est vert, mais ce pâté il est très bien, et il sourit, et puis zut tu me gonfles, et il tranche en deux le reste de pâté et gobe coup sur coup les deux morceaux. 
En sortant des urgences après son lavage d’estomac le surlendemain il lui dit tu vois celui qu’est devenu vert c’est moi, c’était pas le pâté, et il se marre, et elle le regarde et lui dit hahaha, t’es pas devenu vert, t’es juste devenu vraiment con, c’est tout. 
#writimage #écrïmage #fiction
C’est à l’automne 2019 que les services médi C’est à l’automne 2019 que les services médicaux, sociaux et de gendarmerie ont commencé à repérer les premiers cas d’ombrophobie -la phobie de la pluie, de la grêle et des orages jusque là peu courante- dans une forme devenue plus que virulente. Classifiée ombrophobia virulens elle se caractérisait par une prostration mutique.  Les premiers médecins qui s’y penchèrent furent indécis quant à la cause de cette pandémie : incident industriels (pluies noires), pollution (pluies acides), influence des médias notamment des films post apocalyptiques en plein regain sur les plateformes de streaming (images d’hivers nucléaires… ?). On se perdait en conjectures.  Dépassant en effets les simples symptômes de stress habituel, les malades se mettaient à perdre leurs moyens : individus restant bloqués dans leur véhicule, terrés chez eux, sinon affichant des comportements corollaires et supplémentaires étranges : kleptomanie portée sur les parapluies, accumulation compulsive et excessive de vêtements de pluie, fascination morbide pour les bulletins, annonces et notifications de météo qui inhibaient chez eux toute capacité de décision. Une cherbourgeoise découverte après dix heures pluvieuses passées dans son véhicule sur un parking de supermarché en octobre 2019 avait affirmé, hagarde, attendre le retour d’un épisode caniculaire. L’institut de météo et climato psycho-pathologies Clément Capulet (@institut_capulet) un établissement jusque là vivotant et plutôt moqué, mais qui se voyait désormais être de plus en plus reconnu, considéré et écouté- créa dans l’urgence un protocole de traitement dit d’appropriation barométrique. Mais il apparut tôt que ces soins pouvaient accentuer les états anxiogènes et dépressif en cas de basse pression. Assurément le dérèglement climatique allait s’accompagner d’effets totalement inattendus. 
#écriture #écriturecréative #littérature #atelierécriture #writimage #écrïmage #fiction
C’est en fin d’une molle réunion qu’ils tro C’est en fin d’une molle réunion qu’ils trouvèrent l’idée originale pour s’impliquer dans la sauvegarde de l’environnement : ils s’attaqueraient aux piscines. Consommatrices d’eau, bourrées de chlore et autres saloperies, symbole d’un capitalisme arrogant, c’étaient les cibles idéales. Ils fondèrent illico le GAP, Groupe Actions Piscines, et entreprirent de recenser sur les images satellites de Google Maps les indécentes tâches bleues qui trahissaient les propriétaires du coin. Ils s’achetèrent deux flacons de colorant rouge chez un fournisseur qui en cédait à prix fracassé. Du rouge pour effacer l’ignoble bleu ; pour le sang versé à cause des piscines. Il devait bien y avoir des ouvriers quelque part qui mourraient du chlore ou des animaux qui dérouillaient -mais ils vérifieraient ces points plus tard ; il y avait surtout urgence d’agir. 
Les premières tentatives furent vaines : des molosses faillirent les dévorer, ils déclenchèrent des alarmes, se heurtèrent à des volets couvrants verrouillés. Après avoir sillonné la région, ils tombèrent enfin sur une piscine accessible, découverte, et même allumée de nuit. Ils y vidèrent un des flacons, coincèrent un tract sous le pied d’une chaise de jardin, et détalèrent. 
Aucune réaction les jours suivants. Rien dans le journal local. Silence radio. 
Ils revinrent de nuit attaquer la même piscine en s’assurant cette fois que la teinte changerait. Ils virent le bleu vite disparaître, mais ils n’obtenaient qu’un vague fuschia… Et surtout, ils constatèrent le lendemain matin que la piscine avait repris sa couleur. 
Mauvaise qualité du colorant ? Non : ils lurent un peu tard qu’il fallait que « le ph » soit « compris entre 6,9 et 7,7 » avec « un taux de désinfectant supérieur à 2 ppm de chlore », qu’il fallait parfois utiliser du « séquestrant » et « neutraliser toute source d’oxydation en cas de taux de Cl/Br supérieur à 1 ». Ne comprenant rien, sauf qu’ils devaient s’acheter des produits onéreux supplémentaires et même de ces bandelettes test colorées, ils durent convenir que le GAP devait être lui aussi dissout. #writimage #écrïmage #fiction
Il était sorti du cinéma totalement retourné qu Il était sorti du cinéma totalement retourné quarante ans plus tôt. Il venait de voir les pirouettes de John Travolta sur la piste disco, John qui lançait sa veste blanche, les mouvements de jambes de John… 
Cela devint une obsession durant des décennies : il avait besoin de danser, d’être sous les boules à facettes, de suivre le rythme de cheval galopant des tubes de Gloria Gaynor et autres Cerrone. 
Hélas  une amie lui dit un soir de fête pour plaisanter, et pourtant cela n’avait pas voulu être méchant, qu’il avait certes « le rythme dans la peau, mais une très mauvaise circulation ». Il comprit alors les regards et les sourires qu’on lui envoyait en night-club, son peu de succès auprès du public sinon des femmes. il comprit qu’il avait dû, oui il le comprit enfin, plutôt les apeurer dans ses gesticulations. Il comprit tout : pourquoi les danseurs s’écartaient sur la piste -oh, ce n’était pas pour l’admirer, mais sans doute pour le fuir. Il se sentit ridicule… Ridicule à jamais.
Le démon du disco continua pourtant de le hanter : il prit des cours, en vain, il s’entraîna des heures devant son armoire à glace. Rien n’y fit : maintenant qu’il se savait pataud, sinon grotesque, il se savait danser mal, voire danser, à jamais, pire. 
Prenant de l’âge, de celui où on ne traîne plus en discothèque que pour y noyer en solitaire son divorce au bar, il essaya de s’astreindre… Il se mit même à craindre que sa passion ne soit connue à l’usine. Il n’aurait pas supporté les quolibets, les moqueries. Il aménagea alors dans le sous-sol de son pavillon de banlieue et de célibataire endurci une pièce secrète, capitonnée, décorée, illuminée, équipée comme un Macumba de la meilleure époque. Il s’y enfermait souvent, lançait les tubes des Bee Gees et là, tournoyait, virevoltait sur son parquet coûteux. Il était seul, mais dans ces moments il se savait beau, mince, jeune, grand, svelte, agile, talentueux, époustouflant… Il était gracieux, irrésistible. Il dansait comme un dieu. Il brillait dans le noir. 
Et il compatissait pour tous ceux qui ne savaient plus ce que fut la fièvre du samedi soir.
#writimage #écrïmage #fiction
Tu vois, le truc dingue c’est qu’il faisait ch Tu vois, le truc dingue c’est qu’il faisait chier depuis 30 ans et pourtant, à cause des conventions, des rituels, une dizaine est tout de même venue à contre cœur à son pot de départ en retraite. Une poignée de désoeuvrés ou de cyniques venus faire les mielleux. Le patron a dit un discours convenu avec des compliments et des souvenirs de hauts faits pour vanter ses mérites, sa carrière et sa personnalité  formidaaable alors qu’il n’avait jamais rien glandé, était imbuvable, mais avait donné des leçons de morale avec agressivité à toute la boîte. Car c’était vraiment un chieur, tu n’imagines pas à quel point, mais quand t’écoutais le patron c’était un saint qui avait sauvé tout le monde et la planète, et l’infini et au-delà. Le discours c’était vraiment un super bilan élogieux. Or, on savait tous que c’était un con. C’était la comédie humaine, tu vois. Si élogieux que même lui était stupéfait et qu’il a dû finir par croire qu’il avait fait en effet tous ces trucs si bien… alors qu’il ne s’en souvenait même pas et qu’il savait pourtant à quoi s’en tenir sur lui-même. 
Après ils ont tous gobé les petits pains au saumon. Ils les aspiraient littéralement. Et ils ont sifflé le rosé goût framboise et ça au final a été vite plié : vingt minutes et il n’y avait plus personne ; tu voyais qu’une vie se terminait et c’était un gâchis absurde et forcément ça te renvoyait à ta propre destinée… Enfin bon on ne va pas philosopher à 2 balles, hein ? En tout cas, je l’ai vu partir peu après vers le parking avec son cadeau payé par l’enveloppe qui avait mollement tourné : ces cons lui avaient offert une valise en cuir tout un symbole style vas-y dégage et quand même quelque part c’était pathétique. C’était du style non non non je ne veux pas vivre ça ; faut que que je me barre avant. Je ne veux pas de pot de départ, jamais, plutôt crever en allant au boulot, ou en sortant, mais non ne me faites pas tout ce cinéma. La vie, la mort ça n’a jamais été un truc de pot de départ, et je vous en supplie je ne veux pas de pot de départ, et incinérez-moi, et dispersez mes cendres sur le sol de la cafèt’ au pire, et ça ira. #writimage #écrïmage #fiction
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Un clip original, et qui raconte une histoire… « Sick of being honest » de Milkblood

  • Post date
    12 décembre 2020
  • Posted in TRUCS QUE J'AIME
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Tout est dit

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Tous unis nous gagnerons !

That’s all folks

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